Mon année de Professeure des écoles stagiaire. Partie 1/2.

Pour celles et ceux qui découvrent mon blog pour la première fois : je suis Chloé, j’ai 25 ans et à l’heure où j’écris ces lignes, j’attends mon poste pour la rentrée de septembre 2020. Bien que j’ai eu une année scolaire assez fatigante, j’ai hâte de recommencer. En écrivant cet article, je compte revenir sur les moments forts de cette année 2019-2020, ce qui impose un retour en arrière d’un peu plus d’un an. Cet article sera en deux parties pour qu’il soit moins lourd à lire pour vous, il y a aussi peu d’illustrations, et cela va m’aider à organiser mes idées.

En avril 2019, je passais les écrits de Français et de Maths dans les hangars de Villepinte, proche de l’aéroport Charles de Gaulle. Je les ai réussi et j’ai passé les oraux de sport/éducation civique et de spécialité (histoire) en mai-juin 2019. Le 24 juin, les résultats finaux sont tombés, et j’avais le concours. J’étais d’autant plus fière, car après mon master à la fac, j’avais décidé de préparer ce concours chez moi, avec les cours du CNED. C’est vrai qu’un concours ce n’est déjà pas assez difficile à préparer, ainsi après une bonne scolarité, sans interruption, de la maternelle à ma dernière année de master, j’ai voulu me challenger.

J’ai eu mon secteur, mon niveau et ma binôme – je vais revenir dessus – un peu avant la fin du mois de juillet 2019, ce qui nous a laissé le mois d’août pour nous préparer. Nous allions avoir des petites et des moyennes sections dans le 13e arrondissement de Paris. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au moment des inscriptions, nous devions choisir : la maternelle ou le primaire, et un secteur. J’avais choisi des maternelles, dans le secteur 14-13-5-6e arrondissements de Paris. Il fallait ensuite prioriser entre le niveau et le secteur, et j’ai choisi de prioriser le secteur, avec le 14e arrondissement en premier. En effet, je ne vis pas dans Paris intra-muros, et c’est pour moi l’arrondissement le plus proche.

Je reviens sur le terme de binôme. Cette année de stage se traduit par – très schématiquement – trois semaines à l’université pour valider le master 2 et trois années à l’école, avec sa classe. Ainsi, quand j’étais sur les bancs de la fac, ma binôme enseignait et inversement. Je ne lui ai jamais assez répété, mais j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur elle. Dès que nous avons eu la nouvelle, elle m’a contacté et nous nous sommes tout de suite bien entendues. Tout au long de l’année, nous avons réussi à maintenir cette entente, pour s’encourager dans notre master et dans notre travail en classe. Je tenais à préciser notre relation, car j’ai su que cela n’avait pas été le cas pour beaucoup de nos camarades de fac et que cela rendait le travail en classe assez difficile, à cause souvent d’une communication presque inexistante. Le fait d’être arrivée dans une équipe pédagogique dynamique et bienveillante nous a aussi beaucoup apportée, j’y reviendrai aussi.

Mon année de stage a commencé assez tôt, le 23 août 2019 pour finir le 3 juillet 2020. Alors bien entendu, nous avions les mêmes vacances scolaires que nos collègues, nous n’avions pas de cours à ce moment-là. Enfin, des jours où nous n’étions ni à la fac,ni sur le terrain, car en réalité nous jonglions ces jours-là entre la préparation de cours et les travaux de fac, mémoire inclus. Ainsi, nous eûmes des réunions et des premiers cours à la fac, dès le 23 août, avant de commencer ensemble – ma binôme et moi – trois semaines dans la classe, à partir du 2 septembre 2019.

Comme nous avions une classe à double niveau avec des petites sections, nous avions un ASEM (agent spécialisé école maternelle) avec nous les trois-quarts de la journée. Il -oui c’est un homme- nous a bien aidé toute l’année grâce à son expérience, et nous a guidé les premiers jours. L’école maternelle est souvent décriée et idéalisée, mais une fois dans la salle de classe avec tous les élèves qui arrivent – quelque un.e.s en pleur – qui crient, qui courent et les parents qui te posent pleins de questions, cela donne un peu le tournis et tu demandes si tu as fait le bon choix, spoiler OUI. Encore une fois, grâce à notre entente avec ma binôme, nous avions bien préparé nos premières journées en termes d’activités et de découvertes. Nous nous étions aussi réparti les niveaux, pour ne pas nous laisser déborder. Ce fût une bonne chose au début, mais je trouve que par la suite cela m’a un peu bloqué pour travailler avec l’autre niveau.

Durant ces trois premières semaines, nous avons beaucoup tâtonné. Nous prenions nos marques avec les élèves, avec le matériel de la classe, de l’école, avec les collègues, les parents… Nous travaillons surtout des activités en « one-shoot », sans trop de lien entre elles. Même si nous le pensions, alors que nos activités étaient souvent l’étape finale, voir l’évaluation, d’une séquence. Nous avons appris au fur et à mesure à mieux penser et préparer nos activités, et les réaliser par étapes. Par exemple, en art plastique, nous avons appris à faire réaliser leurs œuvres morceaux par morceaux pour qu’iels aient le temps de s’appliquer dans leurs gestes et dans leurs choix. Nous nous sommes aussi rendu compte que les élèves avaient besoin de beaucoup jouer entre eux, cela nous stressait au début, car nous pensions que nous allions pas réussir à les instruire correctement dès les premiers jours. Tout le monde nous a vite fait déculpabiliser, en nous disant que cela était normal. Qu’il était important qu’iels jouent entre eux et que leur capacité de concentration allait se développer au fur et à mesure.

Nous avons commencé cette première semaine avec des activités que les élèves allaient retrouver tout au long de l’année : comptines, chansons, lecture d’albums, peinture, parcours de motricité, pâte à modeler, apprendre la comptine numérique… Nous adaptions nos pratiques et nos organisations, au fur et à mesure. Par exemple, il n’est pas conseillé jusqu’à fin avril de vouloir faire passer toute la classe en art plastique en 1h30. Les petites sections et certain.e.s moyen.nne.s sont assez lent.e.s dans ce qu’iels font et il n’y a donc pas le temps pour que tout le monde réalise correctement son travail. Ah oui, un conseil : s’obliger à bien écrire les noms partout !!! C’est une erreur que nous avons fait, d’omettre de les écrire systématiquement, ce qui a été problématique en juin pour rendre les travaux. Le mieux, je pense, est de les écrire en amont, et de les distribuer ou/et d’appeler les élèves pour réaliser l’activité.

Nous communiquions beaucoup, avec des documents dans la classe, mais surtout avec un cahier journal que nous tenions sur google drive. Voici un exemple de la manière dont notre cahier journal était construit, avec le planning de la toute première journée.

Lundi 2 septembre 2019

Journée détaillée:

lundi 02/09
08:00Arrivée à l’école, préparation de la classe: sortir les jeux, préparer le matériel, sortir les étiquettes prénoms, se répartir les rôles
08:20 à 08:45Accueil des MS, donner étiquette prénom, la poser au tableau, leur montrer les tables et les coins jeux.
Papier administratif parents.
08:45 à 09:15Pareil avec les PS à partir de 9h, cantine fini 9h15, plus de parents 9h30
09:15 à 9:45Passage aux toilettes, mascotte.
9:45 à 10:15Récréation
10:15 à 10:45Comptine des prénoms, avec la mascotte
10:45 à 11:15Peinture: laisser des traces sur une grande feuille, peinture dans des bacs.
11:15 à 11:20-30Finir de les changer, lavage de mains pour la cantine.
11:30 à 13:30-40Cantine
13:30 à 14:00Sieste PS MS: Préparer les pages de gardes classeurs et cahiers.
14:00 à 14:30Sieste PS MS: Préparer les pages de gardes classeurs et cahiers. Coloriages ou jeux si fini.
14:30 à 15:00Réveil échelonné des PS. Lecture Album émilie, passage aux toilettes.
15:00 à 15:30Récréation
15:30 à 16:00Visite de l’école
16:00 à 16:30Jeux libres.

Suite à ces tableaux, nous notions : ce qui n’avait pas été fait, les remarques et améliorations et les absents. Ce cahier journal était aussi composé de : la liste des élèves, la pyramide des âges, les emplois du temps par périodes de la classe, des APC – activités pédagogiques complémentaires – d’activités hors de la classe, et les compétences par mois. Il est mieux de les séparer par période, mais c’était plus simple pour nous d’avoir des compétences par trois semaines/un mois, la durée où nous étions en classe. Nous mettions aussi sur le google drive nos fiches de préparations, pour que nous puissions suivre ce que nous faisions chacune en classe dans le but de ne pas réaliser de doublons sur un thème. Nos séquences étaient divisées en plusieurs séances, soit sous forme de textes ou sous forme de tableaux.

Dans les nouvelles choses à gérer, nous avons aussi eu la première réunion avec les parents qui est vite arrivée. La directrice nous a aidée à la préparer, et a été présente un peu plus longtemps qu’avec les autres collègues. J’en garde un bon souvenir, en tout cas, nous nous en sommes bien sorties. Puis, nous avons eu les premières visites : la conseillère pédagogique, qui nous a félicité, puis notre maîtresse formatrice – chez qui nous allions réaliser deux stages d’observations dans l’année – et notre tutrice de fac – que nous allions avoir à l’université. Sans trop m’étendre, le courant n’est pas très bien passé avec ma tutrice. Je l’ai trouvé peu compréhensive par rapport à une situation que j’ai vécue ce jour-là, avec un élève qui allait se montrer difficile tout au long de l’année. Le contact fut bien meilleur avec notre maîtresse formatrice -PEMF : professeure des écoles maîtresse formatrice- qui était plus dans l’écoute et avec de vrais conseils.

Le retour à la fac fut rude. Je n’avais plus vraiment l’habitude d’être moi-même élève, le fait d’enseigner me manquait déjà et les cours étaient très denses. Les professeurs, dans leurs discours, remettaient en cause beaucoup de pratiques que nous avions mis en place, sans le vouloir bien entendu. Mon cerveau tournait donc à toute allure, entre l’envie de tout noter et de tout comprendre, réfléchir à comment très vite l’appliquer et prévenir sa binôme sur le terrain pour rapidement rectifier le tire. Les cours que j’ai eu toute l’année sont : Maths, Français, Mémoire, Tutorat. J’ai eu en plus des cours d’Arts Plastiques, de chants et rythmes, EPS, jeux de société (option), anglais, SVT… Tous ces cours étaient tournés vers l’aspect didactique des matières, comment nous devons les enseigner. – selon le Larousse : Science ayant pour objet les méthodes d’enseignement.- Toute la partie théorique, par exemple les termes de grammaires ou encore savoir poser des divisions, étaient à apprendre pour le concours.

Pour terminer sur cette première partie d’article, je vais vous parler de mon mémoire. Quand j’ai repris la classe en main toute seule, le 3 octobre 2019, j’ai appris que nous allions réaliser une sortie au théâtre avec les petites sections et des sorties au cinéma dans le courant de l’année. Cette idée m’a toute suite enchantée, car le sujet de mon précédent mémoire était la mise en place d’atelier cinéma dans des classes de CM2. J’avais travaillé sur la manière dont le temps peut être structuré grâce à des films évoquant de près ou de loin la Shoah. Ce fût donc avec joie que j’ai repris l’aspect « éducation à l’image et part l’image » de mon ancienne formation, pour en faire profiter mes élèves. Suite à ces différentes rencontres artistiques, je réalisais toujours en retour à l’oral pour noter ce que les élèves avaient retenu, comprit et leurs ressentis. Le mémoire fut donc intitulé : « L’oral en maternelle favorisé par le PEAC » – parcours d’éducation artistique et culturelle. Pour enrichir mon mémoire et mes séances de préparation et de retour de ces rencontres, j’ai décidé de travailler avec la méthode Pierre Péroz intitulée : « La pédagogie de l’écoute ». Il s’agit de poser à chaque fois les mêmes questions dans le même ordre, pour que les élèves comprennent bien les sentiments et intentions des personnages, dans le but de mieux comprendre l’histoire. Les questions sont entre autre: « Première partie de notre travail, de quoi vous souvenez-vous ? », « Que voulait X ou Y », « Qu’auriez vous fait à la place de X,Y ». Les questions sont compliquées au début, notamment pour les petites sections, mais il faut persévérer. J’ai réussi à avoir de très bonnes réactions d’élèves, notamment sur l’album de « Kirikou et la Sorcière » en préparant le spectacle de Noël, où l’histoire se déroulait en partie sur le continent africain.

Je m’arrête ici pour cette première partie déjà très dense. La deuxième partie le sera tout autant, car je vais rentrer plus en profondeur sur mes moments en classe, la continuité pédagogique pendant le confinement, et le retour en classe en mai.

Si vous avez des commentaires ou des questions n’hésitez pas. Vous pouvez aussi m’envoyer des messages sur mon compte insta @cinemaetquotidien. En attendant, je vous souhaite un bon été !

C&Q