#Female pleasure

#plaisir féminin

Female pleasure affiche

Réalisé par Barbara Miller et en salle le 1er mai 2019.

Barbara Miller

« Sous nos contrées, selon une étude récente du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCE), une fille de 13 ans sur deux et une fille de 15 ans sur 4 ne sait pas qu’elle a un clitoris. Et 83% des filles et 68% des garçons de 3ème et 4ème, ne connaissent pas la fonction de ce dernier. »

Voici un extrait de la présentation du puissant documentaire #Female pleasure, sur le site officiel du film.

La réalisatrice Barbara Miller suit des femmes de différentes origines pour retracer leur combat actuel contre le patriarcat, cité dans le film comme « la religion mondiale ». La religion est d’ailleurs un gros point de ce documentaire, qu’elle soit chrétienne, juive, musulmane ou bouddhiste. Derrière l’horreur des récit, nous avons l’espoir d’un monde nouveau où les hommes et les femmes sont sur un pied d’égalité, où le plaisir féminin est aussi important que le plaisir masculin. Avant de vous décrire ces cinq femmes, je vais d’abord vous expliquer pourquoi j’ai aimé ce documentaire.

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Tout d’abord, j’attends de ce genre cinématographique qu’il m’apprenne des choses et c’est le cas ici. J’ai pu élargir ma culture générale au niveau de la religion, de la santé et des cultures locales. En effet, les femmes sont japonaise, somalienne, américaine, indienne et allemande. Ensuite, ce type de documentaire est fait pour éveiller ou réveiller les consciences. Les sujets ici sont tellement graves, qu’il n’est pas possible de ressortir de la séance sans réfléchir à la société et à sa place dans cette dernière. Je me suis dit, une nouvelle fois, que malgré les limites de sa société, je suis chanceuse et fière d’être née et de vivre en France. Certes, l’espace urbain n’est toujours pas un terrain complètement sécurisé pour les femmes, mais il l’est déjà beaucoup plus qu’en Inde, comme nous l’explique la jeune femme originaire et habitant dans ce pays.

Bien sûr, je me suis intéressée et déplacée pour ce film, car se sont déjà des sujets qui me touchent. Beaucoup trop de jeunes filles et de femmes ne sont toujours pas propriétaire de leur corps, et qui ne s’est jamais regardé dans la glace un matin en se trouvant trop petite, trop grande, trop maigre, trop grosse, trop de fesses, pas assez de fesses, trop de seins, pas assez de seins. Le film commence avec des images pour moi dérangeante et très contrastée. Soit des femmes dénudées ou alors extrêmement couvertes, mais dans les deux cas dans une situation de soumission. Attention, certaines filles et femmes décident consciemment de se dévoiler, de se sexualiser ou alors de se couvrir, et j’en suis totalement consciente. J’ai déjà moi-même fait des photographies dévoilant des parties de mon corps, mais c’est moi qui choisissais lesquelles, comment, où le shooting était fait et avec qui. Les photographes étaient toujours des femmes. C’est aussi une manière de se réapproprier son corps. À contrario, certaines femmes se battent pour vivre leur religion de manière plus libérée. Par exemple de pouvoir porter le voile sans être jugé, notamment que les gens pensent qu’elle est soumise. Il y a d’ailleurs une très belle reprise de la chanson Balance ton quoi de Angèle -que je vous conseille aussi- par Molem Sister qui revendique le port du voile.

DeborahPour continuer avec la religion, une des première femme présentée est Deborah Feldman. Elle est née à Brooklyn -New-york- dans le quartier juif hassidique. Elle a été marié de force et contrainte d’avoir des rapports sexuels avec un homme. C’est donc un viol, car elle n’était pas du tout consentante. Elle a un fils avec cet homme là. Un jour, elle décide de partir de ce quartier et de cette communauté.  

Depuis la publication de son best-seller Unorthodox and Exodus , elle incarne un espoir pour nombre de femmes désireuses de s’affranchir de leurs communautés ultra-orthodoxes. 

Elle va, elle aussi, passer par la photographie pour s’émanciper. Son photographe est un homme qui a dû fuir l’Israël à cause de son homosexualité. Cela montre que leur religion n’accepte et ne respecte pas tout ce qui sort du cadre de l’homme hétérosexuel. Pendant sa séance photographie, elle va s’emparer d’un Talit, vêtement sacré destiné exclusivement aux hommes comme vous pouvez le voir sur la photographie.

Leyla

Puis, nous avons l’histoire de Leyla Hussein excisée quand elle n’était encore qu’une petite fille. Elle vient de Somalie un pays très pratiquant de la religion musulmane. Son combat est d’éradiquer cette barbarie. Son militantisme l’oblige à garder son adresse secrète pour éviter les attaques. Pourtant, cela ne l’arrête pas.

Aujourd’hui psychothérapeute, elle a notamment pris la parole devant les Nations Unies et le Parlement anglais, contribuant à changer le regard porté sur les jeunes filles mutilées ou à risque. 

Une de ses actions marquante dans le film est réalisée au près de jeunes hommes de la diaspora Somalienne notamment, à Londres, ville où elle réside. Leyla leur demande ce qu’ils pensent du sexe avant la mariage, de la sexualité féminine et de l’excision. Elle se rend compte d’une nombre d’idées préconçues qu’ils peuvent avoir. Suite à ces discussions, elle les amène dans une sorte de musée où elle a construit un vagin en pâte à modelé. Avec cette œuvre, elle leur explique les différents degrés d’excision qui existent. Pour cela, elle coupe et déchire à la cisaille : le clitoris, les petites lèvres et les grandes lèvres. Les jeunes hommes sont horrifiés. Ils comprennent enfin ce que subissent les femmes de leurs entourages.

En faisant cela, Leyla veut éclairer les hommes sur leurs comportements ou leurs passivités face à certains événements. Je suis totalement d’accord avec sa manière de procéder, car si les hommes ne voient pas la réalité en face, la cause des femmes ne pourra jamais avancer. Nous voyons ensuite qu’elle va discuter avec des hommes et des femmes dans des tribus du Kenya. Il est beau de voir les hommes qui prennent des initiatives pour lutter contre ce mal qui ronge le monde.

RodudenashikoDans ce documentaire, nous avons une autre version de moulage de vagin avec l’artiste japonaise Rokudenashiko.

Arrêtée et accusée d’obscénité, elle a risqué deux ans d’emprisonnement. Rokudenashiko prône avec véhémence l’acceptation de la représentation artistique du vagin, ainsi que la liberté dans son travail.

Dans le pays où, pour la fête de la fertilité, des pénis géants sont portés en triomphe, et où les mangas pédopornographiques foisonnent, l’artiste n’a pas le droit de s’exprimer autour de ces parties génitales. Ainsi, elle décide de mouler son vagin et de faire des petits paysages dessus, et de faire une modélisation 3D. Grâce à cette technologie, elle arrive à créer un canoë ayant la forme de son sexe. C’est suite à ces actions qu’elle va de voir répondre de ses actes devant le tribunal de Tokyo. Elle va être reconnus coupable d’avoir diffusé ces coordonnées vaginales sur internet.

Le Japon est un pays assez fascinant, et j’ai eu la chance de visiter Tokyo. Pourtant, je ne me verrai pas y vivre à cause de l’invisibilisation de la femme et de sa servitude. Une femme n’a pas besoin d’être complètement couverte de la tête au pied, ou cantonné à rester chez elle pour être soumise à un système patriarcal. Les femmes japonaises souffrent notamment dans le monde de l’entreprise où cela est très mal vue qu’elles soient enceintes. Pourtant, la famille les pousse à faire des enfants assez jeune.

DorisPour passer à un sujet beaucoup moins joyeux que le moulage de vagin dans un but artistique, nous apprenons le passé de Doris Wagner. Elle est violée à plusieurs reprises par un prêtre, alors qu’elle avait rejoint les Ordres pour devenir bonne sœur en Italie. Dorénavant,

Son objectif est d’établir la reconnaissance de la responsabilité et un changement des mentalités dans les instances supérieures de l’Église. 

Après plusieurs scandales sur la pédophilie au sein de l’Église catholique, très bien illustré par le film Grâce à Dieu de François Ozon sorti le 20 février 2019, c’est maintenant chez les bonnes sœurs que les langues commencent à se délier. Déjà que l’Église cherche à nier les scandales sur la pédophilie, elle est encore plus virulente face à cette nouvelle polémique qui enfle. Par exemple, la chaîne de télévision franco-allemande Arte a dû annulé le replay du documentaire Religieuses abusées. En effet, selon un article sur le site France Inter :

Ce documentaire devait être disponible en replay sur le site d’Arte jusqu’au 3 mai. Mais un prêtre allemand, qui n’est pas nommé dans le film, a estimé qu’il était reconnaissable : il a porté plainte en référé et le tribunal d’instance de Hambourg a ordonné à la chaîne franco-allemande de cesser la diffusion. 

Doris nous explique dans le documentaire que sa référente l’avait disputé, puis pardonné du pêché qu’elle avait commis. Encore une fois, c’est la victime qui est en tord. Aussi, elle raconte que durant l’audition au commissariat où elle a porté plainte, les commissaires n’ont pas accepté sa déposition, car il n’y a pas eu d’actes de violence ou d’usage d’armes. Pourtant, elle leur explique que dans les Ordres, les bonnes sœurs sont amenées petit à petit à un état de dépendance qui les rends vulnérable. Elles peuvent seulement penser à Jésus sous peine d’être accusé de ne pas être vierge d’esprit. Un point que je trouve important dans ce documentaire est que les différentes protagonistes ne disent pas qu’elles se sont complètement tournées de la religion, elles veulent pouvoir la pratiquer de manière plus sécurisée et avoir une vraie place dans leur culte et lieux de cultes. Plusieurs fois sont présentés des extraits de la Torah, de la Bible ou du Coran où les femmes sont décrites comme le mal. Il faut bien replacer le contexte où ces textes ont été écrits. Cela remonte à des centaines d’années et ils sont écrits par des hommes dans les sociétés déjà patriarcal. Ils ont été aussi recopiés par des hommes à des époques où le peuple ne savait pas lire. Ils sont maintenant interprétés par des hommes qui inculquent les principes détournés à des enfants. Ces derniers n’ont pas encore les moyens de prendre du recul sur ce qu’ils lisent ou entendent.

VithikaLa dernière femme dont nous suivons le parcours est Vithika Yadav. Elle dit elle-même que dans le pays du Kamasutra qui prône le plaisir, le plaisir féminin est complètement ignoré. Elle avance aussi que des politiciens ont ouvertement déclaré que le viol était acceptable, et que les hommes resteront toujours des hommes.

Dès son plus jeune âge, elle a appris à ne pas regarder un homme dans les yeux et à ne jamais sortir seule dans la rue. Toutes ces règles ne l’ont pourtant pas protégée de ce qui arrive chaque jour à la grande majorité des femmes indiennes : harcèlements et agressions sexuelles.

Malgré cela, elle décide de faire un mariage d’amour et de lutter pour un amour et une sexualité libérée dans son pays. Pour cela, elle créée une plate-forme numérique nommée Love Matters, pour permettre aux jeunes de se renseigner de manière sécurisée et avec les bonnes informations. De plus, elle milite dans la rue et met en place des performances pour alerter sur les attaques que subissent les femmes dans son pays.

Autour des sujets de l’émancipation des femmes en Inde, je ne peux que vous conseiller le petit documentaire Period. End of Sentence. (Les règles de notre liberté) de Rayka Zehtabchi, qui a reçu le prix du meilleur court-métrage aux Oscars 2019, et disponible sur Netflix. Les menstruations sont un sujet tabou en Inde, ce qui pose problème pour vivre normalement à cette période du mois. Les femmes doivent vivre recluses, car elles sont considérées comme impures. Elles doivent aussi très fréquemment arrêter l’école n’ayant pas les lieux nécessaires pour changer de protection.

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Selon un article de Télérama :

Il n’en fallait pas plus pour faire trembler de rage Melissa Berton, prof au lycée privé d’Oakwood à Los Angeles. En 2016, elle monte avec des élèves le Pad Project. Son but : récolter des fonds pour envoyer dans le village rural de Kathikhera, à 70 kilomètres à l’est New Delhi, une machine à fabriquer des serviettes hygiéniques bon marché et une réalisatrice, Rayka Zehtabchi, pour en revenir avec un documentaire. 

Les femmes des villages vont donc s’approprier petit à petit la machine et vendre leurs serviettes hygiéniques à bas prix pour permettre aux femmes de tout simplement vivre pendant leurs règles. Je vous conseille aussi de voir le film Déesses indiennes en colère de Pan Nalin, qui revient sur les questions de sexualité féminine et de violence faîte aux femmes.

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Vous l’aurez compris à travers ce très long article, j’ai vraiment apprécié le documentaire de Barbara Miller. Elle met à la fois en avant l’horreur que les femmes subissent, mais aussi les combats qu’elles mènent avec l’espoir d’une meilleure vie pour nos générations et les générations à venir. Je n’ai pas pu m’empêcher de vous mettre beaucoup de référence, mais cela prouve que les combats menées par ces femmes ne sont pas isolés, et que nous pouvons toutes et tous, à nos échelles et nos capacités respectives, faire changer les mentalités.

Les citations sans références viennent du site officiel de #female pleasure.

Crédit photos: site officiel #female pleasure, allociné

Crédit vidéo: Youtube