Comment je vis mon militantisme.

Chèr.e.s lecteur.trice.s,

Sachez que cela fait deux heures que j’essaye de surmonter le « syndrome de l’imposteur ». Même avec une page d’article ouverte, j’ai : lu un article, changé le thème de mon blog, je me suis préparée un goûter, étendue une machine et enfin, j’ai décidé de taper des mots sur mon clavier.

Pourquoi ce « syndrome » ? Vous n’êtes pas sans savoir que George Floyd, un américain noir, a été étouffé par un policier pendant une arrestation. Cela a donné lieu, et c’est logique, à une vague de protestations et d’actes militants. Je ne me sentais pas légitime pour parler de ce sujet, en tant que personne non-racisée, mais j’ai décidé de tourner cela autrement. Je décide d’ailleurs de sortir cet article non le jour de son écriture – mardi 2 juin 2020-, mais aujourd’hui. J’ai voulu laissé la voix aux personnes directement touchées par cet acte de violence pendant cette journée de #blackouttuesday.

ATTENTION: Je ne dis pas que ces personnes ne doivent pas s’exprimer le reste du temps -comme par exemple pour les femmes, ou encore les personnes de la communauté LGBTQIA+, qui ont des journées de représentations, mais qui ont le droit de parole à pleins temps- mais je considérais important de me retirer ce jour-là.

Une manifestation devait avoir à Paris, devant le palais de Justice dans le 17e arrondissement, pour rendre justice à Adama Traoré, aussi mort étouffé par un policier et dont la famille subit des attaques. A l’heure où j’écris ces lignes la manifestation se voit interdite et je ne sais pas comment cela c’est déroulé. (update en fin d’article).

Avec cette information, j’en arrive à mon premier sujet. Je suis désolée si mon propos fâche certaines personnes, mais je n’arrive pas à aller manifester sauf à de rares occasions. Je n’ai pas participé aux blocus de mon lycée et de ma fac, et je n’ai pas été dans Paris manifester pour les différentes réformes des dernières années. Les seules manifestations, ou plutôt marches auxquelles j’ai participé sont: pour Charlie Hebdo, une marche des fiertés, les deux marches Nous toutes, et dans ma ville cet hiver contre la réforme des retraites. Je précise marche, car je trouve que les mots comptent, je trouve que cela sonne plus pacifiste. Je pense que vous avez compris mon cheminement. En effet, j’ai peur de la réaction des gens dans les manifestations, et surtout, surtout de la réponses des forces de l’ordre. Même si pour certaines personnes cela peut être un non-argument, je n’ai jamais eu honte de le dire, n’en déplaisent à ceux et celles qui se sont acharnés sur Camélia Jordana, pour avoir dit la vérité. Je n’ai pas peur à cause de la couleur de ma peau – j’ai des origines qui font que je suis légèrement typée, mais j’ai la peau blanche et j’ai de plus en plus conscience de ce privilège- mais j’ai peur à cause de mon genre, ma taille et mon poids (femme, 1m53 et 48kg) qui peuvent faire de moi une cible facile, quand les forces de l’ordre décident de taper dans le tas.

Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas ou peu, vous vous demandez donc comment je milite, et bien j’utilise ma voix, les réseaux sociaux et mon nouveau métier, entre autre. Je vais vous détailler cela petit à petit. Tout d’abord, j’essaye d’être clair dans mes combats et bien que je puisse m’exprimer je fais de plus en plus attention à ne pas prendre la place des personnes concernées quand elles sont en capacité de se défendre ou de se faire entendre.

Ma voix, car je veux au quotidien défendre mes idées et celles et ceux dont leurs combats, leurs orientations ou modes de vie sont moqués, quand iels ne peuvent pas se défendre. De plus, ma voix me permet de développer certaines de mes idées, notamment à travers le podcast Sorociné Podcast – un podcast féministe sur les représentations féminines au cinéma- dans lequel je me suis régulièrement exprimée ces dernières années. Même si je crie rarement dans la rue, je sais que j’ai d’autres moyens d’être entendue, et selon moi, d’une meilleure manière. Sans vouloir être dans l’injonction mais dans le conseil, si vous sentez que vous devez prendre la parole faîte-le ! Cela pourra surement désamorcer des situations et au mieux éduquer les gens.

Pour rester sur la question de l’éducation, je vois de plus en plus que les personnes qui subissent des discriminations en ont assez de devoir éduquer les gens à être ouvert d’esprits et compréhensifs. Je pense dans le sens où la personne n’avez absolument pas envie de parler de cela maintenant et de cette manière, mais dites-moi si je me trompe. Je ne suis pas toute blanche, en effet, je comprends maintenant ce résonnement, et je m’oblige à aller chercher les informations par moi-même. Pour cela les réseaux sociaux sont une mine d’or. Je me les approprie à l’heure actuelle de plus en plus dans ce sens, avec les comptes que je suivais ou que je découvre.

J’écrivais de laisser les personnes concernées s’exprimer et je trouve que les réseaux sociaux sont un bon outil pour cela. Attention, les propos qui suivent sont de l’auto-promotion. C’est ce que j’ai mis en place hier notamment dans ma story. Je n’ai pas voulu m’exprimer directement sur le sujet de la mort de George Floyd, mais en relayant des propos de personnes racisées. Aussi de célébrer les personnes noires, ou qui mettent en avant ces personnes, comme des acteur.trice.s par exemple. De plus, je tiens depuis peu un nouveau compte instagram qui se nomme @elle.s.projet. Je mets en avant, en essayant au maximum de ne pas parler à leurs places, des femmes qui ont toutes un rapport avec la culture artistique. Elles ont chacune pu donner des propositions de lectures, visionnages et d’écoutes. Je relaie aussi des posts ou story de leurs comptes persos pour mettre en lumière leurs travaux sans déformer leurs propos. Pour conclure sur cette idée, je pense que les réseaux sociaux sont un bon moyen pour militer, s’informer et s’éduquer.

J’évoquais plus haut que je pouvais militer grâce à mon métier. Je vais nuancer mais vous allez comprendre. Je suis professeur des écoles en maternelle, bien que cela soit ma première année d’enseignement, j’ai déjà pu constater certaines choses que je trouve non approprié, chez ces jeunes enfants. La manière dont ils se parlent, des propos, des actes sur le corps de l’autre. Je suis convaincue que les enfants peuvent comprendre et enregistrer ce qu’on leur dit quand il s’agit de consentement – ne pas toucher les cheveux, ou les vêtements de l’autre sans sa permission-, de politesse -apprendre à s’excuser-, ou de propos sexiste -le rose c’est pas pour les garçons-. Bien sûr, c’est aussi dans mon comportement, mes actes et propos que je peux faire passer le message. Un exemple que j’ai encore en tête est pendant une lecture de l’album Disney Blanche-Neige. Je me suis permise par moment de stopper ma lecture pour contredire certains propos ou actes des personnages. Alors bien entendu, j’ai grandit aussi avec ce genre d’histoire et j’arrive à prendre du recul et à me déconstruire, mais parce qu’on m’a aussi appris à le faire. Alors bien sûr que je n’apprends pas aux élèves des slogans pour aller manifester dans la cours, comme l’éducation sexuelle et des genres n’apprends pas aux élèves à se masturber (oui, oui je l’ai lu et entendu cette bêtise), mais plutôt de leur faire prendre conscience dès le plus jeune âge -mes élèves avaient entre 3 et 4 ans- que les mots et les actes ont des conséquences.

Ces dernières jours, beaucoup de post instagram donnent des idées pour justement militer sans aller en manifestations. J’espère que cet article vous à aussi donné des clefs. Il est surement naïf, mon militantisme et mes arguments peu aboutis pour certains.ne.s, mais il faut aussi se décomplexer. Bien que je considère qu’il n’est moralement pas possible de se taire constamment, nous avons aussi le droit de choisir nos manières de militer, de vouloir faire des pauses, de ne pas pouvoir être partout en même temps. Les IGTV de @toutestpolitique en parle d’ailleurs très bien.

UPDATE: la manifestation pour rendre justice à Adama Traoré a bien eu lieu. Selon les images que j’ai vu et des retours de personnes sur place, elle s’est assez bien déroulée. Sauf bien entendu les forces de l’ordre qui ont décidé de gazer la fin du cortège. Est-ce que je regrette de pas y être allé ? Un peu, mais j’avais eu une discussion autour de « l’injonction » à aller manifester avant la deuxième marche Nous toutes, et c’est aussi pour cela que j’ai écrit cet article. Pour montrer comment je soutiens les causes qui me touchent à ma manière.

J’espère que cet article était cohérent, n’hésitez pas à me donner votre avis, je suis ouverte aux discussions constructives et aux conseils en commentaire ou en message privée sur les réseaux.

Je vous souhaite une très bonne fin de semaine, faîtes attention à vous !

C&Q

Interview de Flavie, du groupe « Flavie et les garçons ».

En lançant ma page instagram @elle.s.projet, j’ai souhaité donner la parole à des femmes de ma génération qui ont décider de s’investir dans le monde de la culture. Rien de mieux que la musique pour démarrer un nouveau projet. Je vous propose donc l’interview de Flavie, que j’ai déjà eu l’occasion de voir sur scène, et dont la volonté et l’énergie était débordante.

Bonne lecture et n’hésitez pas à nous suivre sur instagram et à partager notre travail !


Parle-nous de ton parcours; scolaire, professionnel :

J’ai passé un bac économique et social, puis je suis entrée en licence de droit à La Sorbonne. Je suis actuellement en deuxième année. J’ai toujours été bonne élève à l’école, certainement parce que je suis très curieuse. Depuis la fin du lycée, j’alterne entre études de droit et musique. Ce qui n’est pas tous les jours évident car ces deux projets demandent énormément d’investissement mais je sais que le travail finit toujours par payer.

Comment et pourquoi le groupe « Flavie et les garçons » a vu le jour?

Le groupe a vu le jour car j’étais arrivé au bout de ce que j’étais capable de faire seule. J’avais besoin de musiciens pour réellement habiller mes textes et mes mélodies. Aujourd’hui le groupe existe uniquement sur scène mais la production artistique se fait uniquement entre mon guitariste / producteur et moi même.

Peux-tu me parler des clips « ANA » et « Ne me touche pas » ?

« ANA » est mon premier titre, auquel on a ajouté un clip. C’était un titre qui me tenait particulièrement à cœur, car c’est réellement pour moi le passage d’une passion à un travail avec une équipe. C’était un tournage avec toute une équipe de production, ce qui était millimétré et vraiment riche. A l’inverse le clip de « Ne me touche pas » a été réalisé par un ami, en petit comité avec toutes les galères qui s’y rapportent mais se fut également une expérience inédite et enrichissante. L’idée de « Ne me touche pas » était réellement de mettre des paroles « crues » sur une musique énergique.

Comment s’est passé l’enregistrement de votre chanson « Lettre d’amour » ?

« Lettres d’amour » est notre dernier single, on a totalement changé de mode opératoire. Après un premier EP sur lequel on avait passé beaucoup de temps, on a eu besoin d’évoluer sur la manière de travailler. Du coup, on a passé une journée assis face au bureau, à écrire des paroles, faire une instrumentale et enregistrer, tout en s’amusant. C’est un morceau qu’on a enregistré dans la légèreté contrairement au premier EP qui traitait de thématiques beaucoup plus lourdes. Donc concrètement « Lettres d’amour » a mis une journée à voir le jour contrairement au premier EP, qui lui, a mis deux ans.

Cette chanson est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement !

Qu‘elles sont tes inspirations musicales, et/ou inspirations en générale ?

J’ai une vraie admiration pour Amy Winehouse, et Lady Gaga. J’aime les femmes puissantes et écorchées. Je m’inspire beaucoup des musiques d’autrefois, quand on entendait encore de vrais instruments … Pour écrire c’est simplement la vie et ce que j’ai la chance, parfois la mal chance, d’expérimenter, qui m’inspirent. Au niveau des sonorités de mes morceaux, je laisse mon musicien assez libre, vu qu’on se connait bien, il sait exactement ce que je peux en attendre.

Pourquoi, selon toi, est-il important qu’il y ait des femmes dans le milieu de la culture ?

Tout simplement parce que la culture est censée nous représenter et que jusqu’à preuve du contraire on est pas mal de femmes sur cette terre. Plus sérieusement, je suis vraiment heureuse que les femmes soient aujourd’hui beaucoup plus mises en avant qu’avant. Mais je suis sure qu’on peut encore faire mieux ! C’est important de se sentir représentée pour se retrouver dans ces projets culturels et élargir nos horizons.

Comment vois-tu notre place dans les années à venir et le monde de la culture en général ?

J’ai bon espoir que les choses s’équilibrent réellement dans les années à venir et qu’une femme ai autant sa place qu’un homme dans le milieu de la culture, mais aussi dans tous les milieux qui l’intéresseront. J’ai l’impression, un peu navrante, qu’on perd de notre culture à l’air d’une hyper connexion, de tous, à des profils idéalistes. On est un peu tous devenu des produits, ce que je trouve regrettable. J’aime l’idée qu’on soit tous des pièces uniques. J’aimerais énormément que les gens utilisent les réseaux pour partager des choses qui leur sont propres et pas uniquement pour regarder combien de followers ou combien la vie des autres est « plus intéressante ».


Nous vous remercions chaleureusement d’avoir lu cette interview jusqu’au bout. N’hésitez pas à aller sur la page instagram de @flavie.lesgarcons et d’écouter leurs morceaux !

Je ne suis pas un homme facile.

Cet article devait être publié sur une autre plate-forme en avril 2019. Je décide en ce mois de septembre 2019 de vous le proposer ici. En effet, beaucoup d’entre nous sommes déjà retourné.e.s au travail soit souvent dans des lieux où le sexisme et le patriarcat règne…

« Ils parlent tous comme des animaux 
De toutes les chattes ça parle mal 
2018 j’sais pas c’qui t’faut 
Mais je suis plus qu’un animal 
J’ai vu qu’le rap est à la mode 
Et qu’il marche mieux quand il est sale 
Bah faudrait p’t’être casser les codes 
Une fille qui l’ouvre ça serait normal »

Telles sont les paroles de la jeune chanteuse Angèle, qui cherche à dénoncer à travers sa chanson le sexisme ordinaire ou non, que les femmes subissent tous les jours. Cette chanson est maintenant accompagnée du très bon clip de Charlotte Abramow. Si vous n’avez pas eu l’occasion de le voir, foncez sur youtube ! Il y a aussi un making-off très sympathique.

Je ne vais pas faire cet article sur ce clip, mais sur un film sorti l’année dernière sur Netflix, le 13 avril 2018, et signé Eléonor Pourriat. En effet, avant le personnage de Raphaël dans Mon Inconnue de Hugo Gelin, sorti le 3 avril 2019, c’est celui de Damien joué par Vincent Elbaz, qui se retrouve dans un monde parallèle, dans une France matriarcale. Je spoile, mais le point commun des hommes de ces deux film est de se retrouver dans un monde parallèle, car ils ont été odieux avec une ou plusieurs femmes.

Nous argumentons souvent le podcast « Sorociné », dans lequel je participe, en expliquant que tout film réalisé par une femme n’est pas forcement féministe, mais ici c’est le cas. C’est un film féministe, réalisé par une femme et qui casse les codes, soit plusieurs bonnes raisons de vous en parler dans cet article.

Ce film est la version longue du court-métrage Majorité opprimée réalisé en 2010, par Éléonore Pourriat. En voici le résumé dans l’article de Thomas Messias «  »Je ne suis pas un homme facile »: la domination féminine, et puis quoi encore? » écrit pour Slate.fr, le 13 avril 2018 :

« Majorité opprimée raconte une journée presque ordinaire de la vie de Pierre (Pierre Bénézit), un homme comme les autres. Pierre croise une joggeuse torse nu qui le complimente, dépose son enfant chez l’aide paternelle, se fait siffler dans la rue, subit une agression de la part d’une bande de femmes, est accueilli sans délicatesse par la police lorsqu’il souhaite déposer plainte, subit les foudres d’une épouse lui reprochant sa tenue aguicheuse –tongs, short, chemise légèrement entrouverte. »

Soit toutes sortes de situations que nous pouvons vivre en tant que femmes. Selon le même article, le court-métrage a été vu presque neuf millions de fois et sept cent mille fois pour la version avec sous-titre anglais. Le film quant à lui est sorti sur Netflix dans 190 pays. Dans cette version, Damien se réveille dans un monde matriarcale et tombe amoureux d’une écrivaine croqueuse d’homme, Alexandra Lamour, qui va se jouer de lui. Cette histoire peut ressembler à beaucoup de films connus où un homme, aimant prendre du bon temps, se sert du talent d’une jeune femme. Noter le vocabulaire utiliser de manière complètement consciente, montrant déjà une différence de traitement sur la sexualité féminine et masculine. Il ne faut pas s’attendre à une histoire complètement originale. En effet, le scénario est classique : un couple se rencontre, se tourne autour, s’aime, se déchire, pour de nouveau se retrouver. Pourtant, ce qui est intéressant ici est l’inversion de la domination. C’est souvent les hommes qui mènent la danse dans les scénarios que je décris, ici c’est la femme. Eléonor Pourriat réalise donc une œuvre où l’effet miroir entre la société patriarcale et matriarcal est un des aspects les plus important du film.

Les différentes situations vécues par le personnage peuvent ressembler à un catalogue, mais elles reflètent bien les réalités vécues. Toujours dans le même article Thomas Messias écrit :

« La peur quasi-permanente, la sensation d’être un morceau de viande, l’injonction à sourire et à se montrer disponible: la quantité d’aberrations qu’Éléonore Pourriat parvient à pointer du doigt en si peu de temps donnerait presque la nausée. ».

Quant à la journaliste Arièle Bonte, elle liste d’autres éléments, dans son article « « Je ne suis pas un homme facile » : 4 raisons de voir ce film sur Netflix », écrit pour RTLGirl, le 5 mai 2018 :

« Quand Damien perd connaissance, ce sont « les pompières » qui viennent le chercher. Le cimetière du Père-Lachaise n’existe plus et a laissé place à la Mère-Lachaise. Dans la bibliothèque d’Alexandra, les noms des grands écrivains de la littérature française ont tous été féminisés tandis qu’au poker, les Reines l’emportent sur les Rois. Les hommes portent quant à eux le voile et les seins sont devenus un symbole de pouvoir que les femmes ne cachent pas. »

Voici d’autres exemples de scènes où l’inversions de rôles ou de propos grossissent encore plus les traits des situations problématiques. Au début du film, Damien se moque d’une de ses collègues pendant une réunion de projet. Déjà que le dit projet est assez dérangeant, il ne l’a laisse pas s’exprimer et la drague ouvertement. Il ne comprends pas que ce genre de situation puisse mettre une femme non consentante très mal à l’aise. Le lendemain, suite à son choc sur la tête, il retourne à son travail comme de rien n’était. En arrivant, il découvre une entreprise dirigée par des femmes, qui le matent et le sifflent à cause de son tee-shirt blanc très légèrement transparent. Puis, il est convoqué par sa cheffe d’entreprise. C’est la femme qu’il avait ridiculisé. Elle lui annonce que son projet n’est pas retenu, et il est horrifié par le projet qu’elle propose. Projet qui n’est que la version féminisée de ce qu’il proposait. Il est encore plus mal à l’aise quand elle lui propose de lui faire un cunnilingus pour que son projet soit accepté. En résumé, il se retrouve en position de victime d’une société dirigée par des femmes peu scrupuleuses et qui font des avances déplacées. Soit exactement l’entreprise que lui-même dirigeait dans sa vraie vie.

La deuxième scène dont je souhaite vous parlez est celle où Damien arrive chez Alexandra. Cette dernière apparaît quelques minutes avant dans le film seins nus en train d’écrire son roman. Éléonore Pourriat se confie sur cette scène à Cheek Magasine dans l’article «  »Je ne suis pas un homme facile » : la réalisatrice Eléonor Pourriat inverse les genres et tape juste. » du 13 avril 2018, les propos sont recueillis par Julia Tissier :

« Quand mon personnage féminin principal écrit torse nu chez elle, ce qui me plaît, c’est le trouble que ça provoque. On ne voit jamais ça au cinéma, ça nous renvoie plutôt à une autre image qu’on voit davantage: celle de l’homme qui écrit seul chez lui torse nu. Dans le film, l’actrice Marie-Sophie Ferdane est très belle, très sensuelle mais pas seulement, elle est également puissante. Habituellement, lorsqu’on voit une femme nue dans des films plus traditionnels, elle est sexy mais pas puissante. J’ai aimé changer ça avec une image qui prend le contrepied des représentations des femmes véhiculées par le cinéma. ». 

Ainsi, quand il arrive à son appartement-bureau, il la rencontre la chemise ouverte, comme s’il était d’accord pour voir son corps. De la part d’Alexandra c’est une marque de supériorité, du style : « je suis la patronne, je t’impose ce que je veux. ». Ensuite, elle laisse à peine Damien s’exprimer, le flatte alors qu’il en a pas envie, lui demande de faire son café et le laisse en plan sans indication de travail, encore une fois elle cherche à montrer qu’elle est la patronne. Cette scène peut sembler bizarre, mais c’est exactement de cette manière que peuvent se comporter certains patrons. Ne pas reconnaître chez leurs employé.e.s leurs qualifications, faire des remarques sur les tenues vestimentaires ou sur le physique qui n’ont pas lieu d’être, et affubler de petits noms de manière condescendante.

Pour finir, je veux parler d’une troisième scène courte, mais qui m’a marquée. Damien est dans un café avec le fils de son ami. Il sent que ce dernier ne va pas bien et le fait parler. L’adolescent lui explique qu’il est amoureux d’une fille, mais que cette dernière l’a coincé dans les toilettes et lui a ordonné de, je cite : « la lécher ». En tant que femme, je comprends, et vous aussi lectrice.s et j’espère lecteur.s, où est le problème. Pourtant, Damien est le parfait exemple montrant que la culture du viol perdure encore en France. Il lui dit en s’énervant à moitié d’oublier la demoiselle, d’oublier cette histoire et il ne comprends pas qu’il n’est pas pu sortir de cette situation sans exécuter les ordres de la jeune fille. Il tient exactement le genre de propos qu’il ne faut pas tenir, j’en suis persuadée, à une personne – femme et homme- victime de viol ou d’agression sexuelle.

Ces exemples de scènes, analysées dans l’ordre chronologique du film, montrent bien que le scénario va crescendo dans le sexisme, les propos violent et la violence elle-même. En effet, après avoir dit à l’adolescent de ne pas s’en faire, Damien va lui-même être victime d’une tentative de viol par des femmes dans un café. Dans cette scène, nous voyons bien que les autres femmes du café ne réagissent pas face à ce qui se passe. Certes, la tenancière du bar appelle ses amies, mais ne cherche pas à appeler la police, car je cite encore « elle ne veut pas d’ennuis ».

Je ne vous spoile pas la fin du film au cas où vous ne l’auriez pas encore vu, mais j’espère que cet article vous aura donné envie de le visionner. Je vous disais au début que je trouvais ce film féministe. La réalisatrice le dit elle-même dans l’article de Cheek magasine :

« Oui, on peut le dire! (Rires.) D’ailleurs, il serait temps que ce soit un mot que l’on utilise sans problème. Mon film est un film engagé, politique, féministe, et tout ça n’empêche pas qu’il soit drôle. »

Je vous invite aussi à consulter les articles que je cite tout au long de mon analyse. Ils sont riches et permettent d’approfondir d’autres aspects du film dont je ne parle pas ou peu. Je vous conseille aussi de regarder The mask you live in, documentaire américain de Jennifer Siebel Newsom, sur les masculinités toxiques et expliquant pourquoi les garçons peuvent avoir tels ou tels comportements.

Aussi d’écouter le podcast de Charlotte Bienaimé « Un podcast à soi » est plus particulièrement « Sexisme ordinaire en milieu tempéré ».

Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire mon article jusqu’au bout. A très bientôt !

Source image: allociné, TV5 Monde et sens critique.

#Female pleasure

#plaisir féminin

Female pleasure affiche

Réalisé par Barbara Miller et en salle le 1er mai 2019.

Barbara Miller

« Sous nos contrées, selon une étude récente du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCE), une fille de 13 ans sur deux et une fille de 15 ans sur 4 ne sait pas qu’elle a un clitoris. Et 83% des filles et 68% des garçons de 3ème et 4ème, ne connaissent pas la fonction de ce dernier. »

Voici un extrait de la présentation du puissant documentaire #Female pleasure, sur le site officiel du film.

La réalisatrice Barbara Miller suit des femmes de différentes origines pour retracer leur combat actuel contre le patriarcat, cité dans le film comme « la religion mondiale ». La religion est d’ailleurs un gros point de ce documentaire, qu’elle soit chrétienne, juive, musulmane ou bouddhiste. Derrière l’horreur des récit, nous avons l’espoir d’un monde nouveau où les hommes et les femmes sont sur un pied d’égalité, où le plaisir féminin est aussi important que le plaisir masculin. Avant de vous décrire ces cinq femmes, je vais d’abord vous expliquer pourquoi j’ai aimé ce documentaire.

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Tout d’abord, j’attends de ce genre cinématographique qu’il m’apprenne des choses et c’est le cas ici. J’ai pu élargir ma culture générale au niveau de la religion, de la santé et des cultures locales. En effet, les femmes sont japonaise, somalienne, américaine, indienne et allemande. Ensuite, ce type de documentaire est fait pour éveiller ou réveiller les consciences. Les sujets ici sont tellement graves, qu’il n’est pas possible de ressortir de la séance sans réfléchir à la société et à sa place dans cette dernière. Je me suis dit, une nouvelle fois, que malgré les limites de sa société, je suis chanceuse et fière d’être née et de vivre en France. Certes, l’espace urbain n’est toujours pas un terrain complètement sécurisé pour les femmes, mais il l’est déjà beaucoup plus qu’en Inde, comme nous l’explique la jeune femme originaire et habitant dans ce pays.

Bien sûr, je me suis intéressée et déplacée pour ce film, car se sont déjà des sujets qui me touchent. Beaucoup trop de jeunes filles et de femmes ne sont toujours pas propriétaire de leur corps, et qui ne s’est jamais regardé dans la glace un matin en se trouvant trop petite, trop grande, trop maigre, trop grosse, trop de fesses, pas assez de fesses, trop de seins, pas assez de seins. Le film commence avec des images pour moi dérangeante et très contrastée. Soit des femmes dénudées ou alors extrêmement couvertes, mais dans les deux cas dans une situation de soumission. Attention, certaines filles et femmes décident consciemment de se dévoiler, de se sexualiser ou alors de se couvrir, et j’en suis totalement consciente. J’ai déjà moi-même fait des photographies dévoilant des parties de mon corps, mais c’est moi qui choisissais lesquelles, comment, où le shooting était fait et avec qui. Les photographes étaient toujours des femmes. C’est aussi une manière de se réapproprier son corps. À contrario, certaines femmes se battent pour vivre leur religion de manière plus libérée. Par exemple de pouvoir porter le voile sans être jugé, notamment que les gens pensent qu’elle est soumise. Il y a d’ailleurs une très belle reprise de la chanson Balance ton quoi de Angèle -que je vous conseille aussi- par Molem Sister qui revendique le port du voile.

DeborahPour continuer avec la religion, une des première femme présentée est Deborah Feldman. Elle est née à Brooklyn -New-york- dans le quartier juif hassidique. Elle a été marié de force et contrainte d’avoir des rapports sexuels avec un homme. C’est donc un viol, car elle n’était pas du tout consentante. Elle a un fils avec cet homme là. Un jour, elle décide de partir de ce quartier et de cette communauté.  

Depuis la publication de son best-seller Unorthodox and Exodus , elle incarne un espoir pour nombre de femmes désireuses de s’affranchir de leurs communautés ultra-orthodoxes. 

Elle va, elle aussi, passer par la photographie pour s’émanciper. Son photographe est un homme qui a dû fuir l’Israël à cause de son homosexualité. Cela montre que leur religion n’accepte et ne respecte pas tout ce qui sort du cadre de l’homme hétérosexuel. Pendant sa séance photographie, elle va s’emparer d’un Talit, vêtement sacré destiné exclusivement aux hommes comme vous pouvez le voir sur la photographie.

Leyla

Puis, nous avons l’histoire de Leyla Hussein excisée quand elle n’était encore qu’une petite fille. Elle vient de Somalie un pays très pratiquant de la religion musulmane. Son combat est d’éradiquer cette barbarie. Son militantisme l’oblige à garder son adresse secrète pour éviter les attaques. Pourtant, cela ne l’arrête pas.

Aujourd’hui psychothérapeute, elle a notamment pris la parole devant les Nations Unies et le Parlement anglais, contribuant à changer le regard porté sur les jeunes filles mutilées ou à risque. 

Une de ses actions marquante dans le film est réalisée au près de jeunes hommes de la diaspora Somalienne notamment, à Londres, ville où elle réside. Leyla leur demande ce qu’ils pensent du sexe avant la mariage, de la sexualité féminine et de l’excision. Elle se rend compte d’une nombre d’idées préconçues qu’ils peuvent avoir. Suite à ces discussions, elle les amène dans une sorte de musée où elle a construit un vagin en pâte à modelé. Avec cette œuvre, elle leur explique les différents degrés d’excision qui existent. Pour cela, elle coupe et déchire à la cisaille : le clitoris, les petites lèvres et les grandes lèvres. Les jeunes hommes sont horrifiés. Ils comprennent enfin ce que subissent les femmes de leurs entourages.

En faisant cela, Leyla veut éclairer les hommes sur leurs comportements ou leurs passivités face à certains événements. Je suis totalement d’accord avec sa manière de procéder, car si les hommes ne voient pas la réalité en face, la cause des femmes ne pourra jamais avancer. Nous voyons ensuite qu’elle va discuter avec des hommes et des femmes dans des tribus du Kenya. Il est beau de voir les hommes qui prennent des initiatives pour lutter contre ce mal qui ronge le monde.

RodudenashikoDans ce documentaire, nous avons une autre version de moulage de vagin avec l’artiste japonaise Rokudenashiko.

Arrêtée et accusée d’obscénité, elle a risqué deux ans d’emprisonnement. Rokudenashiko prône avec véhémence l’acceptation de la représentation artistique du vagin, ainsi que la liberté dans son travail.

Dans le pays où, pour la fête de la fertilité, des pénis géants sont portés en triomphe, et où les mangas pédopornographiques foisonnent, l’artiste n’a pas le droit de s’exprimer autour de ces parties génitales. Ainsi, elle décide de mouler son vagin et de faire des petits paysages dessus, et de faire une modélisation 3D. Grâce à cette technologie, elle arrive à créer un canoë ayant la forme de son sexe. C’est suite à ces actions qu’elle va de voir répondre de ses actes devant le tribunal de Tokyo. Elle va être reconnus coupable d’avoir diffusé ces coordonnées vaginales sur internet.

Le Japon est un pays assez fascinant, et j’ai eu la chance de visiter Tokyo. Pourtant, je ne me verrai pas y vivre à cause de l’invisibilisation de la femme et de sa servitude. Une femme n’a pas besoin d’être complètement couverte de la tête au pied, ou cantonné à rester chez elle pour être soumise à un système patriarcal. Les femmes japonaises souffrent notamment dans le monde de l’entreprise où cela est très mal vue qu’elles soient enceintes. Pourtant, la famille les pousse à faire des enfants assez jeune.

DorisPour passer à un sujet beaucoup moins joyeux que le moulage de vagin dans un but artistique, nous apprenons le passé de Doris Wagner. Elle est violée à plusieurs reprises par un prêtre, alors qu’elle avait rejoint les Ordres pour devenir bonne sœur en Italie. Dorénavant,

Son objectif est d’établir la reconnaissance de la responsabilité et un changement des mentalités dans les instances supérieures de l’Église. 

Après plusieurs scandales sur la pédophilie au sein de l’Église catholique, très bien illustré par le film Grâce à Dieu de François Ozon sorti le 20 février 2019, c’est maintenant chez les bonnes sœurs que les langues commencent à se délier. Déjà que l’Église cherche à nier les scandales sur la pédophilie, elle est encore plus virulente face à cette nouvelle polémique qui enfle. Par exemple, la chaîne de télévision franco-allemande Arte a dû annulé le replay du documentaire Religieuses abusées. En effet, selon un article sur le site France Inter :

Ce documentaire devait être disponible en replay sur le site d’Arte jusqu’au 3 mai. Mais un prêtre allemand, qui n’est pas nommé dans le film, a estimé qu’il était reconnaissable : il a porté plainte en référé et le tribunal d’instance de Hambourg a ordonné à la chaîne franco-allemande de cesser la diffusion. 

Doris nous explique dans le documentaire que sa référente l’avait disputé, puis pardonné du pêché qu’elle avait commis. Encore une fois, c’est la victime qui est en tord. Aussi, elle raconte que durant l’audition au commissariat où elle a porté plainte, les commissaires n’ont pas accepté sa déposition, car il n’y a pas eu d’actes de violence ou d’usage d’armes. Pourtant, elle leur explique que dans les Ordres, les bonnes sœurs sont amenées petit à petit à un état de dépendance qui les rends vulnérable. Elles peuvent seulement penser à Jésus sous peine d’être accusé de ne pas être vierge d’esprit. Un point que je trouve important dans ce documentaire est que les différentes protagonistes ne disent pas qu’elles se sont complètement tournées de la religion, elles veulent pouvoir la pratiquer de manière plus sécurisée et avoir une vraie place dans leur culte et lieux de cultes. Plusieurs fois sont présentés des extraits de la Torah, de la Bible ou du Coran où les femmes sont décrites comme le mal. Il faut bien replacer le contexte où ces textes ont été écrits. Cela remonte à des centaines d’années et ils sont écrits par des hommes dans les sociétés déjà patriarcal. Ils ont été aussi recopiés par des hommes à des époques où le peuple ne savait pas lire. Ils sont maintenant interprétés par des hommes qui inculquent les principes détournés à des enfants. Ces derniers n’ont pas encore les moyens de prendre du recul sur ce qu’ils lisent ou entendent.

VithikaLa dernière femme dont nous suivons le parcours est Vithika Yadav. Elle dit elle-même que dans le pays du Kamasutra qui prône le plaisir, le plaisir féminin est complètement ignoré. Elle avance aussi que des politiciens ont ouvertement déclaré que le viol était acceptable, et que les hommes resteront toujours des hommes.

Dès son plus jeune âge, elle a appris à ne pas regarder un homme dans les yeux et à ne jamais sortir seule dans la rue. Toutes ces règles ne l’ont pourtant pas protégée de ce qui arrive chaque jour à la grande majorité des femmes indiennes : harcèlements et agressions sexuelles.

Malgré cela, elle décide de faire un mariage d’amour et de lutter pour un amour et une sexualité libérée dans son pays. Pour cela, elle créée une plate-forme numérique nommée Love Matters, pour permettre aux jeunes de se renseigner de manière sécurisée et avec les bonnes informations. De plus, elle milite dans la rue et met en place des performances pour alerter sur les attaques que subissent les femmes dans son pays.

Autour des sujets de l’émancipation des femmes en Inde, je ne peux que vous conseiller le petit documentaire Period. End of Sentence. (Les règles de notre liberté) de Rayka Zehtabchi, qui a reçu le prix du meilleur court-métrage aux Oscars 2019, et disponible sur Netflix. Les menstruations sont un sujet tabou en Inde, ce qui pose problème pour vivre normalement à cette période du mois. Les femmes doivent vivre recluses, car elles sont considérées comme impures. Elles doivent aussi très fréquemment arrêter l’école n’ayant pas les lieux nécessaires pour changer de protection.

end of sentence

Selon un article de Télérama :

Il n’en fallait pas plus pour faire trembler de rage Melissa Berton, prof au lycée privé d’Oakwood à Los Angeles. En 2016, elle monte avec des élèves le Pad Project. Son but : récolter des fonds pour envoyer dans le village rural de Kathikhera, à 70 kilomètres à l’est New Delhi, une machine à fabriquer des serviettes hygiéniques bon marché et une réalisatrice, Rayka Zehtabchi, pour en revenir avec un documentaire. 

Les femmes des villages vont donc s’approprier petit à petit la machine et vendre leurs serviettes hygiéniques à bas prix pour permettre aux femmes de tout simplement vivre pendant leurs règles. Je vous conseille aussi de voir le film Déesses indiennes en colère de Pan Nalin, qui revient sur les questions de sexualité féminine et de violence faîte aux femmes.

déeesses

Vous l’aurez compris à travers ce très long article, j’ai vraiment apprécié le documentaire de Barbara Miller. Elle met à la fois en avant l’horreur que les femmes subissent, mais aussi les combats qu’elles mènent avec l’espoir d’une meilleure vie pour nos générations et les générations à venir. Je n’ai pas pu m’empêcher de vous mettre beaucoup de référence, mais cela prouve que les combats menées par ces femmes ne sont pas isolés, et que nous pouvons toutes et tous, à nos échelles et nos capacités respectives, faire changer les mentalités.

Les citations sans références viennent du site officiel de #female pleasure.

Crédit photos: site officiel #female pleasure, allociné

Crédit vidéo: Youtube