Comment je vis mon militantisme.

Chèr.e.s lecteur.trice.s,

Sachez que cela fait deux heures que j’essaye de surmonter le « syndrome de l’imposteur ». Même avec une page d’article ouverte, j’ai : lu un article, changé le thème de mon blog, je me suis préparée un goûter, étendue une machine et enfin, j’ai décidé de taper des mots sur mon clavier.

Pourquoi ce « syndrome » ? Vous n’êtes pas sans savoir que George Floyd, un américain noir, a été étouffé par un policier pendant une arrestation. Cela a donné lieu, et c’est logique, à une vague de protestations et d’actes militants. Je ne me sentais pas légitime pour parler de ce sujet, en tant que personne non-racisée, mais j’ai décidé de tourner cela autrement. Je décide d’ailleurs de sortir cet article non le jour de son écriture – mardi 2 juin 2020-, mais aujourd’hui. J’ai voulu laissé la voix aux personnes directement touchées par cet acte de violence pendant cette journée de #blackouttuesday.

ATTENTION: Je ne dis pas que ces personnes ne doivent pas s’exprimer le reste du temps -comme par exemple pour les femmes, ou encore les personnes de la communauté LGBTQIA+, qui ont des journées de représentations, mais qui ont le droit de parole à pleins temps- mais je considérais important de me retirer ce jour-là.

Une manifestation devait avoir à Paris, devant le palais de Justice dans le 17e arrondissement, pour rendre justice à Adama Traoré, aussi mort étouffé par un policier et dont la famille subit des attaques. A l’heure où j’écris ces lignes la manifestation se voit interdite et je ne sais pas comment cela c’est déroulé. (update en fin d’article).

Avec cette information, j’en arrive à mon premier sujet. Je suis désolée si mon propos fâche certaines personnes, mais je n’arrive pas à aller manifester sauf à de rares occasions. Je n’ai pas participé aux blocus de mon lycée et de ma fac, et je n’ai pas été dans Paris manifester pour les différentes réformes des dernières années. Les seules manifestations, ou plutôt marches auxquelles j’ai participé sont: pour Charlie Hebdo, une marche des fiertés, les deux marches Nous toutes, et dans ma ville cet hiver contre la réforme des retraites. Je précise marche, car je trouve que les mots comptent, je trouve que cela sonne plus pacifiste. Je pense que vous avez compris mon cheminement. En effet, j’ai peur de la réaction des gens dans les manifestations, et surtout, surtout de la réponses des forces de l’ordre. Même si pour certaines personnes cela peut être un non-argument, je n’ai jamais eu honte de le dire, n’en déplaisent à ceux et celles qui se sont acharnés sur Camélia Jordana, pour avoir dit la vérité. Je n’ai pas peur à cause de la couleur de ma peau – j’ai des origines qui font que je suis légèrement typée, mais j’ai la peau blanche et j’ai de plus en plus conscience de ce privilège- mais j’ai peur à cause de mon genre, ma taille et mon poids (femme, 1m53 et 48kg) qui peuvent faire de moi une cible facile, quand les forces de l’ordre décident de taper dans le tas.

Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas ou peu, vous vous demandez donc comment je milite, et bien j’utilise ma voix, les réseaux sociaux et mon nouveau métier, entre autre. Je vais vous détailler cela petit à petit. Tout d’abord, j’essaye d’être clair dans mes combats et bien que je puisse m’exprimer je fais de plus en plus attention à ne pas prendre la place des personnes concernées quand elles sont en capacité de se défendre ou de se faire entendre.

Ma voix, car je veux au quotidien défendre mes idées et celles et ceux dont leurs combats, leurs orientations ou modes de vie sont moqués, quand iels ne peuvent pas se défendre. De plus, ma voix me permet de développer certaines de mes idées, notamment à travers le podcast Sorociné Podcast – un podcast féministe sur les représentations féminines au cinéma- dans lequel je me suis régulièrement exprimée ces dernières années. Même si je crie rarement dans la rue, je sais que j’ai d’autres moyens d’être entendue, et selon moi, d’une meilleure manière. Sans vouloir être dans l’injonction mais dans le conseil, si vous sentez que vous devez prendre la parole faîte-le ! Cela pourra surement désamorcer des situations et au mieux éduquer les gens.

Pour rester sur la question de l’éducation, je vois de plus en plus que les personnes qui subissent des discriminations en ont assez de devoir éduquer les gens à être ouvert d’esprits et compréhensifs. Je pense dans le sens où la personne n’avez absolument pas envie de parler de cela maintenant et de cette manière, mais dites-moi si je me trompe. Je ne suis pas toute blanche, en effet, je comprends maintenant ce résonnement, et je m’oblige à aller chercher les informations par moi-même. Pour cela les réseaux sociaux sont une mine d’or. Je me les approprie à l’heure actuelle de plus en plus dans ce sens, avec les comptes que je suivais ou que je découvre.

J’écrivais de laisser les personnes concernées s’exprimer et je trouve que les réseaux sociaux sont un bon outil pour cela. Attention, les propos qui suivent sont de l’auto-promotion. C’est ce que j’ai mis en place hier notamment dans ma story. Je n’ai pas voulu m’exprimer directement sur le sujet de la mort de George Floyd, mais en relayant des propos de personnes racisées. Aussi de célébrer les personnes noires, ou qui mettent en avant ces personnes, comme des acteur.trice.s par exemple. De plus, je tiens depuis peu un nouveau compte instagram qui se nomme @elle.s.projet. Je mets en avant, en essayant au maximum de ne pas parler à leurs places, des femmes qui ont toutes un rapport avec la culture artistique. Elles ont chacune pu donner des propositions de lectures, visionnages et d’écoutes. Je relaie aussi des posts ou story de leurs comptes persos pour mettre en lumière leurs travaux sans déformer leurs propos. Pour conclure sur cette idée, je pense que les réseaux sociaux sont un bon moyen pour militer, s’informer et s’éduquer.

J’évoquais plus haut que je pouvais militer grâce à mon métier. Je vais nuancer mais vous allez comprendre. Je suis professeur des écoles en maternelle, bien que cela soit ma première année d’enseignement, j’ai déjà pu constater certaines choses que je trouve non approprié, chez ces jeunes enfants. La manière dont ils se parlent, des propos, des actes sur le corps de l’autre. Je suis convaincue que les enfants peuvent comprendre et enregistrer ce qu’on leur dit quand il s’agit de consentement – ne pas toucher les cheveux, ou les vêtements de l’autre sans sa permission-, de politesse -apprendre à s’excuser-, ou de propos sexiste -le rose c’est pas pour les garçons-. Bien sûr, c’est aussi dans mon comportement, mes actes et propos que je peux faire passer le message. Un exemple que j’ai encore en tête est pendant une lecture de l’album Disney Blanche-Neige. Je me suis permise par moment de stopper ma lecture pour contredire certains propos ou actes des personnages. Alors bien entendu, j’ai grandit aussi avec ce genre d’histoire et j’arrive à prendre du recul et à me déconstruire, mais parce qu’on m’a aussi appris à le faire. Alors bien sûr que je n’apprends pas aux élèves des slogans pour aller manifester dans la cours, comme l’éducation sexuelle et des genres n’apprends pas aux élèves à se masturber (oui, oui je l’ai lu et entendu cette bêtise), mais plutôt de leur faire prendre conscience dès le plus jeune âge -mes élèves avaient entre 3 et 4 ans- que les mots et les actes ont des conséquences.

Ces dernières jours, beaucoup de post instagram donnent des idées pour justement militer sans aller en manifestations. J’espère que cet article vous à aussi donné des clefs. Il est surement naïf, mon militantisme et mes arguments peu aboutis pour certains.ne.s, mais il faut aussi se décomplexer. Bien que je considère qu’il n’est moralement pas possible de se taire constamment, nous avons aussi le droit de choisir nos manières de militer, de vouloir faire des pauses, de ne pas pouvoir être partout en même temps. Les IGTV de @toutestpolitique en parle d’ailleurs très bien.

UPDATE: la manifestation pour rendre justice à Adama Traoré a bien eu lieu. Selon les images que j’ai vu et des retours de personnes sur place, elle s’est assez bien déroulée. Sauf bien entendu les forces de l’ordre qui ont décidé de gazer la fin du cortège. Est-ce que je regrette de pas y être allé ? Un peu, mais j’avais eu une discussion autour de « l’injonction » à aller manifester avant la deuxième marche Nous toutes, et c’est aussi pour cela que j’ai écrit cet article. Pour montrer comment je soutiens les causes qui me touchent à ma manière.

J’espère que cet article était cohérent, n’hésitez pas à me donner votre avis, je suis ouverte aux discussions constructives et aux conseils en commentaire ou en message privée sur les réseaux.

Je vous souhaite une très bonne fin de semaine, faîtes attention à vous !

C&Q